Muang Ngoi et Nong Khiaw

Le bus qui nous mène de Luang Prabang à Nong Khiaw passe nous prendre à l’hôtel vers 8h30. C’est un petit van 12 places et nous pensions d’abord que c’était le pick-up jusqu’à la station de bus, sauf qu’en y arrivant, nous comprenons que c’est le véhicule qui nous emmènera directement à destination.

La route nous semble bien plus chaotique que lors de notre entrée au Laos, à moins que ce ne soit le véhicule ou le chauffeur, mais en tout cas les 3.5 heures de trajet ont été difficiles (le plafond est bien bas pour un occidental comme moi)!

Arrivés à Nong Khiaw, nous nous rendons à l’embarcadère et montons à bord d’un petit bateau pour Muang Ngoi, car aucune route ne relie les deux villages (et aussi parce que nous avions envie de changer de moyen de transport).

Le parcours est magnifique! Des montagnes élancées plongent dans le fleuve, à moins que ce ne soit le fleuve qui navigue entre elles, et les buffles viennent se rafraîchir dans l’eau. Le paysage est immaculé, avec un seul village à mi-voyage, et il règne un calme majestueux dans ce cadre idyllique.

A bord de notre bateau, aussi haut que le bus…

Départ du village de Nong Khiaw!

Il fait gris, mais c’est beau quand même

Une fois arrivés à bon port, nous nous laissons embarquer par le premier rabatteur qui nous accoste et louons une chambre sans charme mais avec vue directe sur la rivière. Nous profitons de l’après-midi sur la terrasse de l’hôtel, à écrire le blog et se renseigner sur ce que l’on fera les jours qui viennent.

La vue depuis la chambre

La terrasse, pas mal non plus (même s’il fait un peu froid)

Le lendemain, nous changeons d’hôtel (le bord de la rivière est quand même humide et frais, et la chambre un peu glauque), et je commence à avoir un léger chat dans la gorge, probablement en raison de la baisse notoire de la température dans cette région: s’il fait encore 30°C la journée, les températures chutent à moins de 15°C la nuit (dur, dur, quand on baigne au dessus de 20°C depuis 1.5 mois!).

Mais on ne se laisse pas abattre et on se fait une petite marche, cette fois sans guide (ça fait du bien), jusqu’au petit village de Ban Na, au milieu des rizières. On y mange sur une jolie terrasse, assistons de loin à la célébration d’une naissance, et continuons en milieu d’après-midi vers Hoy Bo et une hypothétique cascade qu’on ne trouvera jamais…

Les rizières proches de Ban Na

La rue du village de Ban Na

Nous remarquons aussi l’ingénierie hydraulique du coin, très pragmatiquement faite d’un moteur relié à une hélice de bateau plongé dans une cascade. Retour en fin de journée sur Muang Ngoi, accompagnés de 2 Françaises qui passaient par là.

Le turbinage, système D

Au souper, un couple de Français à la table à côté de nous nous racontent leur rencontre du jour: « … nous avons parlé avec un jeune du village, enfin plus si jeune, il avait déjà 26 ans quand même … ». Bon voilà, le coup de vieux, c’est fait!

Le lendemain, matinée un peu chill-out dans le village et on réserve la descente en kayak pour Nong Khiaw. Les bagages nous suivent dans un bateau, et nous partons ramer pour 4 heures… Petit bémol toutefois, mon expérience d’aviron ne m’aide pas beaucoup et le bateau qui nous suit est finalement occupé par le frère de celui qui nous a vendu le tour. Il ne parle pas un mot d’anglais et visiblement non plus de kayak, donc on passera 4 heures principalement à tourner à gauche et, bordel, rame à droite! et non, maintenant c’est trop! Un peu galère donc, même si nous profitons par contre à nouveau du magnifique paysage, des buffles qui se baignent à nos côtés et de la lenteur de notre embarcation pour le contempler. (note des auteurs: l’explication complète de la technique de la rame est ici, tellement simple pourtant… dommage de l’apprendre qu’après)

Les premiers coups de rames, ça paraît facile…

Après une heure de rame, on commence à choper plus ou moins le truc (je pense que les buffles ont les oreilles qui sifflent de mes jurons…)

Le dernier bout droit avant le coucher du soleil

Nous arrivons finalement exténués à Nong Khiaw, mais ravis d’avoir franchi ce trajet à la force de nos bras (qui n’en ont plus). Nous passons la nuit à nouveau au bord du fleuve (impossible d’aller chercher plus loin) et prenons un bus le lendemain après-midi pour Vangvieng via Luang Prabang.

Là, z’en peux p’us!

De Kalaw au lac Inle

Nous prenons le bus tôt le matin depuis Bagan et arrivons vers 15h30 à Kalaw. Une fois nos affaires posées à l’hôtel, j’appelle Yan, le best guide de Dimitri et Nasta en 2015. Nous le rencontrons vers 16h et effectivement, il est super sympa, avenant et enthousiaste. Nous nous présentons, parlons de son aventure de 2015 et apprenons que, depuis, il travaille toujours comme guide free-lance, mais aussi avec une agence. Il a déjà un groupe de 3 personnes prévu avec l’agence le lendemain, pour 3 jours de trek.

On décide de partir avec lui et le groupe annoncé, malgré le fait que l’agence soit 50% plus chère que toutes ses concurrentes (semble-t-il parce que le chemin est différent et la nourriture cuisinée par un vrai chef). On achète encore une lampe frontale (le top de la merdouille made in China), qui nous avait cruellement manqué à Hsipaw, et préparons nos affaires pour le lendemain.

Départ donc de bonne heure avec 2 Autrichiens et une Suissesse (Will et Emie tentent la concurrence moins chère), à travers les collines qui entourent Kalaw. Yan est toujours aussi sympa et on discute tranquillement en marchant, nous expliquant les différentes cultures rencontrées au fil du chemin.

Les rizières avec de l’ail, des oignons, des choux, etc. (saison sèche)

Après une halte près d’un barrage construit par les Anglais, on suit les rivages de plusieurs retenues d’eau, dans la forêt.

Les rivages sont parfois humides…

A midi, on s’arrête sur le sommet de la première colline et mangeons une soupe de nouilles assez bonne. Une fois repus, nous découvrons comment ils cuisent le curcuma avant de le sécher, car il se vend plus cher en poudre que frais.

Le four à curcuma

Nous redescendons ensuite quelque peu et longeons la ligne de chemin de fer, ou plus concrètement, marchons dessus. Nous passons 2 jolis tunnels du début du XXème puis, après une pause à la gare où nous goûtons divers gâteaux, reprenons de la hauteur pour rejoindre le village où nous passerons la nuit.

Le tunnel ferroviaire, peu usité heureusement (un léger quelque chose de Bip-Bip & Coyote)

Nous sommes accueillis dans une famille qui a construit une maison exprès pour nous. Le village semble d’ailleurs dédié à l’hébergement de touristes. Après souper, je discute avec Yan de l’impact du tourisme au Myanmar et il m’explique les progrès réjouissants du nouveau gouvernement en matière d’éducation notamment, tout en goûtant au cigare local…

Yan et le petit de la famille, qui s’intéresse déjà à la moto

Le lendemain, nous traversons des paysages plus arides, à travers champs, et la chaleur est au rendez-vous. Nous visitons une famille où la mamie-tisserande confectionne des sacs dans une position ahurissante.

Une tisserande bien âgée

Le repas de midi est cette fois similaire à celui que nous avions eu à Hsipaw, assis à même le sol autour d’une table.

Quelques explications potagères le long du chemin…

Le soir, nous sommes accueillis à nouveau dans une famille, et constatons qu’en fait ce ne sont pas eux qui cuisinent pour nous, mais qu’un cuisinier de l’agence nous suit en moto (le fameux chef, pas si fameux d’ailleurs…).

Le dernier jour, nous descendons gentiment pour rejoindre les rives du lac Inle. La terre y est incroyablement rouge.

La descente au lac Inle

Une fois en bas, nous dînons et rejoignons l’embarcadère, car le dernier bout se fait en bateau. Nous prenons aussi congé de Yan, car il repart pour Kalaw avec notre cuisinier. Petit moment d’adieu mitigé entre l’extraordinaire guide que nous avons eu et les paysages magnifiques d’un côté, et un petit regret quant à la cuisine, l’authenticité inexistante de la région et le prix surfait de l’agence de l’autre.

L’adieu d’un chouette groupe

Finalement nous quittons la rive et traversons d’abord les jardins flottants (ou champs flottants plutôt), une immense étendue de cultures sur le lac, puis le lac lui-même jusqu’à Nyuangshwe.

Les canaux au milieu des jardins flottants

Les pêcheurs du lac, à la pagaie habile

Hsipaw

Nous prenons le bus à 14 heures en direction de l’est. Nous prenons gentiment de l’altitude le long d’une route assez belle, séparée en 2 selon la direction du trafic et plantée de part et d’autre. Une fois passé Pyin Oo Lwin, nous suivons une route plus escarpée et passons 2 heures pour traverser perpendiculairement une vallée sur une route sortie du Salaire de la peur, car d’immenses camions transportant charbon ou pierre tentent de prendre les épingles à cheveux (et ils y parviennent)!

Nous arrivons en début de soirée et prenons nos quartiers dans une guesthouse, offrant à la fois hébergement et guides pour le trek, avec 2 Français rencontrés dans le bus. Nous réservons un guide pour le lendemain matin, pour 2 jours de randonnée.

De bon matin, nous partons avec Win (notre guide), Emie et Will (nos 2 Français du bus) et Michael (un Britannique). Nous arpentons les montagnes alentours à travers champs, forêts ou plantations de thé. Nous nous arrêtons toutes les 1h30 chez des locaux, dont nous ne savons s’ils nous attendent ou pas, avec lesquels nous partageons le thé, quelques spécialités locales ou le Rice whisky (sake maison qui remonte les chaussettes). Win nous indique à chaque fois les mots à utiliser, car chaque ethnie parle sa langue.

Le travail au champs

Le tracteur birman

A midi, nous sommes reçus comme des rois par une famille de villageois. Un repas excellent, si ce n’est que nous découvrons la coutume nationale selon laquelle l’hôte ne mange jamais avec son invité, mais seulement après lui.

Petite hésitation entre mes mains et la caméra de Neus…

Le repas de midi

Le soir, après une belle montée, nous arrivons au « sommet » dans un petit village où nous serons logés et nourris par une famille. Nous profitons du coucher du soleil sur leur « terrasse », alors que notre hôte nous sert du thé et viens coller sa face sur ma joue et renifle ma barbe. Il en fera de même avec Will. Il est drôle, très accueillant et peut-être aussi un peu bourré…

La terrasse à notre arrivée, avec encore quelques rougeurs de l’effort

Notre hôte et Neus à la lueur du feu

Nous dormons dans un dortoir très bien aménagé (moustiquaires, sorte de paravents qu’ils placent de sorte à donner un peu d’intimité à leurs invités) qu’ils ont construit sur pilotis. Du coup, lorsqu’on bouge ou se lève pour aller aux toilettes, ça tangue un peu…

Le lendemain matin, départ pour le retour dans la vallée. Cette fois-ci le chemin passe uniquement à travers les champs de maïs (déjà récoltés et taillés) et aucune forme d’ombre ne nous abrite de l’insolation…

Une petite pause rafraîchissante

Une pause chez des habitants au retour (il fait un peu sec et tiède)

Après presque 5 heures de marche, nous sommes récompensés par une petite plantation de bananiers et une cascade qui forme une douche naturelle.

C’est rafraîchissant!

Nous dînons finalement vers 15 heures et finissons le trajet en tuk-tuk. De retour à l’hôtel, nous réservons in-extremis un billet pour le bus de nuit à destination de Bagan, trajet que nous partagerons avec Will et Emie, avec qui on s’est bien entendu*. On nous prévient toutefois: c’est un bus local, et il y a beaucoup de plaintes de touristes l’ayant pris… Mais on verra bien!

*voir leur blog ici.

Pai et Soppong

Nous louons un scooter un peu plus confortable et puissant cette fois-ci, car notre virée nous portera à 170km au nord de Chiang Mai. Après être sortis du trafic urbain, nous suivons d’abord une route principale à 3 voies (une autoroute avec des tuk-tuks, des piétons qui traversent, etc.) durant 1 heure. On s’engage ensuite sur une route secondaire (l’équivalent de nos routes nationales dans les Alpes ou le Jura) qui sillonne à travers la forêt et prend de l’altitude (on perd aussi quelques degrés…). Je commence même a aimé la moto…

Partis un peu tard de Chiang Mai, nous sommes contraints de faire le trajet en un trait, afin d’arriver le soir à Soppong. Nous faisons une halte au col entre Pai et Soppong car un coucher de soleil comme jamais s’offre à nous en arrivant au sommet.

On en a donc plein les yeux (du vent et de la poussière aussi) et arrivons quelque peu fatigués. Mais nous sommes récompensés par une auberge incroyable, petit bungalow simple dans une sorte de jungle touffue. On laisse par contre la découverte du paysage pour le lendemain, car nous arrivons de nuit.

Le lendemain, visite d’un village Black Lahu (l’une des nombreuses ethnies du coin) et d’une grotte juste à côté (ou plutôt rivière souterraine).

Ban Jabo, plateforme sur le paysage alentour

Ban Jabo, cadres de fenêtres minimalistes mais efficaces

On marche 2km dans l’eau trouble jusqu’au nombril, en suivant scrupuleusement le guide qui nous a équipé de frontales. Bien qu’il y ait peu de choses extraordinaires, la sensation d’être si peu de chose dans cette obscurité absolue est étrange. Et pourtant nous observons chauves-souris bien sûr, mais aussi crevettes et cafards…

Grotte de Mae Lanna, à la lueur de nos frontales (l’ombre en bas à droite, c’est moi et le guide)

Nous faisons une pause durant la période la plus chaude de la journée dans notre hôtel, plus précisément sur la terrasse qui surplombe la rivière et équipée de transats… le pied! On visite en fin d’après-midi quelques villages Lisu (une autre ethnie, issue de Chine) qui fêtent le nouvel-an chinois en pétards.

La terrasse du Soppong River Inn

Le lendemain, départ de Soppong pour Pai, avec arrêt sur la route à une cascade (on a failli se vautrer avec le scooter en repartant, tellement c’était raide). Puis dans une source d’eau chaude à proximité, dans laquelle les locaux se baignent tout habillés. L’endroit est simple et enchanteur, on y reste le temps que le bouillon soit prêt…

La source d’eau chaude de Sai Ngam

Finalement on arrive à Pai et visitons le White Bouddha.

Les escaliers qui mènent au White Bouddha

Après avoir trouvé de quoi nous loger pour la nuit, nous rendons pour le coucher du soleil au Pai Canyon, une formation rocheuse improbable alternant de grandes lames de roche avec des sillons de sable plusieurs dizaines de mètres plus bas. Ayant déjà apprécié le coucher de soleil au col, on s’aventure entre crêtes et sillons et traversons la formation rocheuse. Ne voulant pas revenir sur nos pas, on tente de rejoindre le chemin principal à travers champs: sans trop savoir s’il est vraiment cultivé ou non, je reconnais l’odeur du chanvre et me dis que nous ne sommes peu être pas tout à fait au bon endroit. En y regardant de plus près, il s’agit pourtant d’une espèce de menthe, rien à voir avec la marijuana, et pourtant l’odeur est tellement proche…

Pai Canyon

On dort à Pai, visitons le Bamboo Bridge au matin et retournons d’une traite à Chiang Mai, tentons d’y visiter un temple dans les hauteurs, mais il y a tellement de monde que nous y renonçons.

Khon Kaen et Phu Kradung

Nous décidons de faire 2-3 jours séparément, puisque Neus doit rester quelque temps tranquille pour soigner sa cheville. Je pars donc seul à Phu Kradung, alors qu’elle reste dans un hôtel chouette de Khon Kaen (voir la version en Catalan pour son récit).

Phu Kradung

Ce parc national consiste en une montagne conique d’une dizaine de kilomètres de diamètre, tronquée à 1’200m d’altitude (un gros flan). On y accède par le village de base, en empruntant un chemin de 5.5km pour 1’000m de dénivelé à 25°C… Ça m’a pris 2h30, suivi d’une promenade sur le plateau supérieur de 7.5km à plat. J’en suis assez fier quand même! 😉

Plus concrètement, c’est un parcours passant de la forêt sèche persistante à la pinède au sommet, en passant par d’exubérantes touffes de bambous.

Les bambous flamboyants à la montée

Et c’est aussi une autoroute à porteurs, car il n’y a pas d’accès motorisé au sommet et il faut bien ravitailler le camping et surtout porter les bagages des vacanciers… Ces machines montent 80kg, ils sont impressionnants.

C’est flou, mais on comprend…

Au sommet, un gigantesque camping industriel, sans charme. Et c’est un peu déconcertant de voir les Thaïs faire de gros efforts de communication pour la gestion des déchets dans le parc, alors que tous les stands de bouffe emballent tout dans du plastique, souvent à double. Et toutes les eaux usées sont balancées dans le cours d’eau, et comme on est au sommet du parc, ça garanti la pollution de l’ensemble des sources d’eau pour la vie sauvage. Autant dire qu’il y a du boulot en matière de prise de conscience… En même temps c’est joli, les cascades font bain-mousse!

Le lendemain, petit tour desdites cascades et retour en plaine. La descente, par contre, je la sens un peu plus…

Proche de la cascade de Pen Pob Mai (c’est la saison sèche…)