Phnom Penh

Nous voici dans la capitale. Retour au cauchemar urbain du sud-est asiatique, à tel point que nous descendrons du bus avant l’heure pour faire le dernier bout à pied, ça va plus vite et il fait moins chaud.

On pose nos affaires à l’hôtel et je me rends seul à S-21, Neus étant moyennement bien. Et voilà l’histoire la moins reluisante des Khmers, très bien mise en valeur – en horreur plutôt – au travers de la simple architecture, des quelques meubles restant, de photos trouvées dans les archives non détruites et d’un audio-guide très bien fait. La visite au casque donne de plus une sérénité supplémentaire, puisque tout le monde est silencienx.

Il n’en reste pas moins un goût amer tant l’obsénité humaine est infinie! 12’000 à 20’000 personnes ont été torturées pour des aveux absurdes avant d’être exterminées par des gamins de 13 à 20 ans (c’est plus docile et ça cogne fort). Le tout pour une utopique révolution et avec le soutien des Occidentaux. Une petite expo de quelques panneaux retrace d’ailleurs les remords d’un diplomate suédois dupé par Pol Pot et ayant probablement influencé fortement l’opinion publique et politique européenne, ayant mis en doute les paroles des réfugiés.

Les cellules individuelles

Le grillage installé pour empêcher les suicides…

Les « portes » pour surveiller les cellules

Et, au départ, une charmante cours d’école

Le lendemain, Neus se sent mieux et va à son tour visiter S-21 pendant que je tente de m’en sortir avec la location du camping car pour la Nouvelle-Zélande. Je profiterai aussi pour avancer un tout petit peu le blog ;-).

Et nous voici à la fin de notre périple sud-asiatique, ne restant plus que Singapour, ville développée à mi-chemin entre Asie et Occident.

Kampot

Nous prenons donc le bateau sur l’île de Koh Rong Sanloem, puis un van jusqu’à Kampot, capitale du poivre et des marais salants. La gérante du Huba-Huba nous a recommandé un hôtel avec de chouettes bungalows un peu au nord de la ville. Nous prenons donc un tuk-tuk pour nous y rendre. L’endroit est effectivement charmant, bien que très simple, avec un WC/douche au niveau du sol et la chambre construite en bois à l’étage.

Après une douche, d’eau douce tant attendue, on traîne un peu sur la terrasse du restaurant, on loue une moto pour pouvoir naviguer dans la région et nous rendons en fin d’après-midi dans un restaurant recommandé par notre guide et par le Huba-Huba. Le Greenhouse est plus haut sur la rivière et bénéficie d’une terrasse avec vue splendide sur les montagnes alentours. En plus, la météo mitigée nous offre un ciel très beau aussi. Et surtout, la bouffe est excellente, tout au poivre bien évidemment – du plat au dessert en passant par les boissons!

La terrasse du Greenhouse et le cocktail gingembre, lime et poivre vert…

Le lendemain, nous allons direction Kep, entrevoyons quelques annonces pour des plantations de poivre et des marais salants et commençons notre journée par un tour dans le parc national de Kep. Bien qu’il ne recelle pas de curiosité particulière, c’est un énorme plaisir que de marcher tranquillement sur un chemin balisé dans la forêt.

Ça ferait une bonne saucisse, il mesure bien 4cm de diamètre

Le figuier géant du parc national

Nous terminons la boucle vers midi et nous rendons au marché pour manger la spécialité de Kep: le crâbe au poivre de Kampot. Une Allemande nous éclaire toutefois sur la marche à suivre. Il faut en réalité acheter son crâbe vivant sur le quai pour 3$ les 500g, le donner à un cuisinier qui les coupe en deux encore vivants et les prépare pour 1.5$ et finalement acheter le riz un peu plus loin pour 0.25$… C’est marrant de refaire des « courses » et le résultat est effectivement tendre et délicieux!

La dernière minute du crabe de Kep

Le futur environnement du crabe… dans la casserolle

On quitte finalement le marché sous un horizon bien menaçant et préférons donc rentrer avant que le déluge n’arrive. Sauf qu’il arrive trop tôt, mais juste à côté de nous 😉 nous sommes donc épargnés et nous rendons dans l’un des marais salants, malheureusement déjà « récolté » et il ne reste donc que des bassins d’eau brune. Mais les stocks qui débordent sont drôles à voir.

Un champs de sel

Le grenier à sel, un peu trop plein

L’ensemble à perte de vue

Finalement retour sur Kampot, où nous prendrons le pire souper de notre voyage dans un resto chinois bien noté – par des gens qui n’ont jamais mangé en Chine visiblement. Le lendemain, un peu de farniente again (on s’y habitue vite), et repas au Greenhouse à nouveau, c’est trop bon!

Un mur d’eau s’avance devant la terrasse…

Finalement on achète notre billet pour Phnom Penh pour le lendemain.

Koh Rong Sanloem

Nous prenons le bateau à Sihanoukville pour Koh Rong Sanloem, l’île que nous avons choisie. On dit que c’est l’une des plus tranquilles. Nous voulons aussi aller sur la plage ouest (Sunset beach), qui n’est quasi pas accessible en bateau. Une fois arrivés sur l’île, nous marchons donc 45 minutes à travers la jungle (avec les bagages) pour arriver à l’hôtel.

L’arrivée est à la hauteur

Nous logeons au Huba-Huba qui propose des prix abordables et un staff de volontaires étrangers très sympas. Nous passons 3 jours à la plage, faisant du snorkeling, nous promenant sur le sable, lisant, parlant avec les gens… bien tranquilles, quoi!

On doit bien l’avouer, le premier jour, après avoir poser nos bagages, nous faisons une heure de snorkel et nos dos blancs et immaculés prennent une couleur rouge crevette au top. Nous passerons donc le reste des jours en T-Shirt et à l’abri à l’ombre.

Premier plongeon

Plein de poissons à voir

Elle est dure, la vie…

Belle brasse 😉

Le snorkeling en T-Shirt…

Pas toujours très coloré…

Le paysage est magnifique. Eau turquoise cristalline, petits poissons, plancton fluorescent la nuit, hamacs… idyllique! Mais nous n’avons pas d’eau douce pour nous doucher >.< et quand tu as le dos cramé, l'eau salée n'aide pas beaucoup... Durant la nuit, il tombe des pluies diluviennes et des souris tentent d'entrer dans notre tente où il n'entre pas un pet d'air... on transpire!! [caption id="attachment_364" align="alignnone" width="818"] La terrasse du Huba-Huba[/caption]

Petite promenade sur la plage avec ce qu’il reste du ponton

Rêvant de nuits fraîches et d’eau douce, nous reprenons le chemin de la jungle pour nous rendre à Kampot, une région où l’on cultive le poivre et où l’on mange du crabe!

Siem Reap et Angkor Wat

Nous arrivons à Siem Reap en milieu d’après-midi, fatigués, sous un soleil de plomb. Nous traversons la horde de tuk-tuk en descendant du bus (nous nous sommes habitués rapidement à tant de tuk-tuk qui nous accostent et nous le prenons avec le sourire) et nous marchons jusqu’à l’hôtel. Nous arrivons exténués par la chaleur et par notre séjour à Banlung où nous avons vécu un moment fort, mais n’avons pas tant dormi.

Nous passons ce qu’il nous reste d’après-midi dans un café très sympa à proximité de l’hôtel et nous préparons la visite des temples d’Angkor du lendemain. Nous sommes un peu verts, car nous devons nous lever très tôt pour profiter de la chaleur du matin. Pour changer un peu, nous décidons de faire la visite sur un tandem (vélo à 2 personnes), mais renonçons au lever du soleil, car nous devons dormir un minimum.

A 6h30 du matin nous sommes déjà sur notre tandem! Nous avons bien fait de renoncer à la photo d’Angkor Wat à l’aube, le ciel étant nuageux (olé olé!!). En plus, nous aurons un jour moins chaud et parfait pour le vélo (olé olé again!!). Notre objectif du jour est de visiter les temples du circuit principal, qu’ils appellent petit circuit.

Le premier arrêt nous permet d’acheter les billets pour le parc national (37$ par personne O_O). Il n’y a pas de queue et tout va très vite: ils font une photo, impriment les billets et voilà – prêts à pédaler! Il faut aussi dire que tout les locaux que nous croisons nous regardent comme s’ils n’avaient jamais vu de tandem et rigolent. Même les conducteurs de tuk-tuk nous font des commentaires :P.

Premier arrêt: Angkor Wat. Il paraît que c’est le plus beau temple, symbole du Cambodge et tout… mais on reste sur notre faim. Mathieu est peu de mauvaise parce qu’il manque de sommeil et qu’il est déçu de la rénovation des temples.

Angkor Wat

Nous ne restons pas longtemps et allons à la prochaine destination: Ta Phrom, le temple où ont été tournées des scènes du film Tom Raider. Bon, en chemin, nous nous arrêtons à d’autres temples plus petits qui nous plaisent davantage (à moi, parce que Math trouve tout nul).

Sur notre beau tandem

Ta Phrom, les fromagers (l’arbre) disloquent les ruines

Porte de la Victoire

Nous passons tout le matin et une bonne partie de l’après-midi visitant les ruines des temples. Peu avant midi, Mathieu retrouve une meilleure humeur et commence à profiter de la visite.

Baphuon

Baphuon, pas tout à fait adapté à mon gabarit

Bayon, le temple aux multiples visages

Nous visitons le site jusqu’à 15h et retournons à Siem Reap à la force de nos mollets.

Le lendemain, nous le consacrons à préparer la suite du voyage. Nous profitons aussi des restaurants et cafés sympas de la ville, faisons un lessive et achetons les billets du bus de nuit pour aller à Sihanoukville, d’où sortent les bateaux pour les îles.

Comme nous avons encore un jour de plus dans cette ville, nous décidons d’aller au Musée national d’Angkor Wat, espérant approfondir notre connaissance des temples et de la culture khmers. Et bien non, grande déception, le musée ne vaut pas la peine. Peut-être est-ce mieux avec un audio-guide, mais les panneaux explicatifs ne sont ni clairs ni vraiment intéressants. Une visite ennuyante et longue. Nous rentrons à l’hôtel et attendons le bus-hôtel, dans lequel nous ferons le voyage couchés dans des lits 😀

Banlung

Nous voici partis pour le Cambodge donc. Nous prenons le bateau jusqu’à Naka Sang et négocierons notre bus pour Siem Reap à la station. Une fois arrivé, nous hésitons une seconde: Siem Reap (Angkor Wat), Mecque du tourisme dans un nouveau pays, et le Français du restaurant qui nous parle de chouettes randonnées à faire dans l’Est du pays… allez, changement de plan en 2.5 secondes, on prend un billet pour Banlung, alors que notre guide n’en parle même pas!

Reste à passer la frontière et, pas trop motivés à marchander, nous acceptons de payer le petit bakchich totalement illégal de 10$ pour s’éviter les tracas avec les douaniers (on est encore un peu en mode hamac).

Nous arrivons en fin d’après-midi à Banlung et nous faisons aborder par 3-4 mecs avant même d’être descendu du bus, proposant guesthouse et homestay. Ils ont tous leur petite feuille A4 plastifiée avec de jolies photos, nous racontent comment c’est très bien et pas cher et… sauf un, qui a une feuille A4 avec 2 photos et du texte et qui, après quelques explications, nous laisse réfléchir! Incroyable, mais ce petit détail, plus quelques phrases anodines sur sa feuille – simple room with the family et English class with the children from the village – suffiront à nous séduire, après quelques hésitations tout de même.

On embarque donc dans le tuk-tuk de Vuthy, direction sa maison, à 3km du centre. On arrive dans une petite cour en terre battue, devant sa modeste maison, et sommes reçus par un gars qui sent fort l’alcool… petit moment de frayeur – dans quoi s’est-on embarqué? – mais Vuthy nous entraîne dans sa maison, nous présente sa femme et ses 2 enfants, précise que le mec bourré est un ami qu’il aimerait aidé à sortir de sa dépendance et nous montre surtout la classe qu’il vient de construire et dans laquelle il donnera sa 2ème leçon le soir même!

On pose nos affaires dans une chambre simple, effectivement, exiguë et dont le matelas se résume à une couverture sur un platelage de bois. Mais l’accueil que nous réserve notre hôte est incroyable, il est chaleureux, enthousiaste et drôle! On se sent comme à la maison (enfin presque) et nous discutons avec la famille le temps que les enfants arrivent. Vuthy nous parle de ses projets – le homestay qu’il a ouvert depuis 2 mois et les cours d’anglais gratuits pour les enfants du village – alors que lui est guide de trek depuis 10 ans.

La chambre simple à la déco incroyable

Et les enfants arrivent des maisons alentours, seuls alors qu’ils n’ont que 3 à 10 ans, et nous saluent chaleureusement d’un hello suivi d’un rire gêné. Ils s’installent dans la classe et Vuthy nous présente à ses protégés. On commence le cours sans grande idée de ce que nous pouvons leur enseigner, et Vuthy nous propose de leur faire répéter l’alphabète qu’ils apprennent (pour l’instant de A-F). Il nous montre comment il fait et c’est, comment dire, assez militaire. Mais c’est chou de voir les gamins crier de toute leur force le son des lettres. On suivra l’exemple et les enfants répètent après nous les lettres. On introduit quelques nouveautés – lettres dans le désordre, réponse des enfants un par un (on verra les différences de niveau flagrantes). Le tout est émouvant, voir ces enfants qui ne sont jamais sortis de la province s’investir avec autant d’entrain dans l’apprentissage d’une langue qui leur permettra peut-être d’accéder à un meilleur futur. Ce n’est pas vraiment l’image de l’école que nous avons en Europe.

Les premières lettres de l’alphabète

Le lendemain, nous restons tranquille chez Vuthy, je l’aiderai à construire le 4ème pupitre de sa classe et nous irons faire un plongeon dans la cascade à 2km, histoire de nous rafraîchir, avant de se réchauffer lors d’un match de volley avec les jeunes du coin.

Un pupitre en planches de récupération

Une fraîcheur bienvenue…

Une partie épique!

Le soir, on retrouve nos élèves, toujours aussi motivés, et montons le niveau: l’alphabète de A-Z, un mot par lettre et les couleurs. Les petits sont largués alors que les grands suivent parfaitement (une en particulier, qui souffle à tout le monde). On négocie ensuite durant le souper l’organisation d’un trek de 2 jours dans la jungle avec Vuthy.

Départ donc de bonne heure, Vuthy toujours aussi radieux, en compagnie de 3 Canadiens et 1 Allemand. Notre guide nous explique tout ce qu’il trouve dans la forêt, on mange des insectes, des feuilles et les femmes se font peindre le visage à la suie 😉

La colonne traverse la forêt

On extrait la sève comme allume-feu et on se peint la face avec la suie 😉

On installera notre camp pour la nuit au pied d’une cascade, qui sert de bain, de douche, de lave-linge, de lave-vaisselle et de source pour la cuisine. Nos guides installent une structure de troncs pour suspendre nos hamacs, on mange, on discute à la lueur d’une bougie et… Vuthy réapparaît après une courte absence avec une bouteille en PET dans laquelle gisent une anguille et une grenouille pour le petit déjeuner! Et il nous propose de le suivre à la chasse à l’anguille, hilare de notre réaction médusée.

Nous irons finalement dormir, fatigués d’une journée bien remplie et passionnante… jusqu’à ce que tonne l’orage pas si au loin que ça… on se réveille, car il faut bâcher la structure pour nous protéger, mais surtout resserrer les rangs de hamacs pour accueillir nos 2 guides et un autre groupe de 2 qui n’avait pas de bâche. L’opération prendra quelque temps et nous nous recouchons pas tant rassurer par le nombre de personnes suspendues à la même branche.

Le verdict tombe 10-15 minutes plus tard, après quelques craquements annonciateurs, et nous nous retrouvons tous le cul par terre (et pour ma part le tronc sur la gueule, mais plus de peur que de mal). Il est donc 1h du matin en pleine jungle, il pleut, on est tous par terre et il faut remonter le tout :-/ Mais notre guide, toujours aussi taquin, rigole et va chercher une nouvelle branche. On se recouchera finalement, juste après que Vuthy nous raconte que nous sommes chanceux, un autre groupe ayant failli périr lorsqu’un gros arbre était tombé à 5m de leur camp… là, on est au top du moral, rassuré comme il se doit pour fermer l’oeil!

Un réveil difficile…

Il a encore moins dormi que nous et pourtant, il cuisine et fait le café… joli!

Un petit déjeuner à l’anguille

Le lendemain, petit déjeuner l’esprit pas très frais, puis retour à Banlung, en passant par un petit lac niché dans le cratère d’un volcan. Ultime baignade magnifique!

L’eau de bambou pour la survie

Le tuk-tuk tout terrain à 6 personnes pour aller au volcan

Un lac d’eau douce, propre et froide: un luxe!

La belle équipe! (à travers l’eau sur l’objectif…)

De retour au village, les Canadiens nous accompagnent pour une classe spéciale d’anglais: c’est dimanche et il n’y a normalement pas d’école, mais les enfants ont été informés de notre arrivée et ils accourent. Cette fois, ils nous reconnaissent et se sentent à l’aise, nous prennent dans leur bras, perdent petit à petit leur timidité et c’est vraiment génial! On est suffisamment de « professeurs » pour scinder la classe en deux, préférant faire des jeux avec les petits (qui ne savent pas encore écrire) et commencer les nombres cardinaux et ordinaux avec les plus grands.

Le coin jeux

On finira cette classe émus, car c’est le moment de l’au revoir, et prendrons congé des petits comme des Canadiens… sauf qu’une idée ressurgit: il faut goûter au fameux palm juice, légèrement alcoolisé, que nous irons chercher en moto juste avant qu’un orage n’éclate. Les Canadiens sont donc condamnés à rester le temps du souper et de finir le breuvage fort sympathique.

Le lendemain, dernier petit déjeuner avec la famille de Vuthy, petit couac dans l’horaire du bus et il faut partir précipitamment avec le tuk-tuk de notre hôte. On aura juste le temps de saluer toute la famille et de prendre le van pour Siem Reap, la tête, le ventre et surtout le coeur tout plein de ce que l’on a vécu!