Nous choisissons le bateau pour relier Hpa-an à Mawlamyine. Nous descendons donc le fleuve à bord d’un gros longue queue, pendant local au peque-peque péruvien. Nous survolons une eau terreuse évoluant dans une grande plaine avec ici et là les montagnes karstiques plus ou moins distinctes en fonction de la brume.

Le mont Zwegabin depuis le bateau

Nous arrivons vers 15 heures à Mawlamyine, trouvons un hôtel où nous retrouvons le catalan que nous avions rencontré dans le bus entre Sukhotai et Chiang Mai. J’en profite donc pour passer la fin de la journée avec lui, Neus préférant s’occuper de son indigestion tranquille dans notre chambre.

Nous nous rendons donc à la Paya Kyaikthanlan, sur la crête qui divise la ville en deux, et y restons pour profiter du soleil couchant. Une fois celui-ci disparu, nous allons au marché de nuit, au bord du fleuve, après s’être renseigné quant à l’estomac de Neus. J’y commande un poisson grillé et notre catalan choisit un plat dont le nom ne nous évoque rien, mais nos choix s’avèrent judicieux: le tout est excellent!

Paya Kyaikthanlan

Le lendemain, Neus se sent mieux et nous décidons de changer d’hôtel, car le nôtre est bruyant, sale et je dois me plier en quatre pour passer sous les poutres (ils ont créé un plancher dans la généreuse hauteur d’un bâtiment colonial). Chose faite, nous tentons de louer les services d’un moto-taxi pour nous rendre au bouddha couché, folie d’un riche moine pour construire le plus grand du monde. Le prix étant surfait, nous optons finalement pour la location de notre propre moto, cette fois-ci manuelle.

Nous arrivons donc à ce fameux bouddha, effectivement une folie: ses 180m de long hébergent une sorte de musée relatant l’histoire, les légendes et les mythes fondateurs du pays et du bouddhisme sous forme de petites scènes de statues en plâtre. Mais la folie des grandeurs l’a largement emporté sur une quelconque qualité; si d’une part leur manque de savoir-faire les pousse à commettre les même erreurs que nous dans les années 50 (les bétons ne font que 8-10cm d’épaisseur, les fers carbonatent déjà et les dalles ont des trous, les colonnes se désagrègent…), la scénographie est tout autant un désastre. Les scénettes sont entourées de grillages, les piliers de la structure tombent là où ils peuvent et l’éclairage rudimentaire achève d’annuler toute poésie et toute splendeur.

Une scénette en construction (il manque la peinture), mais au moins on voit quelque chose

Si l’intention était donc noble, la réalisation est absurde, mais nous ne regrettons pas cette visite devenue même comique (il faut ajouter qu’ils ont commencé la construction du sosie du premier bouddha juste en face, visiblement selon les même bases).

Le sosie, à travers le pli de la toge de l’original

Nous consacrons encore un temps à une petite marche dans les environs, nous permettant de contempler le chef-d’œuvre depuis les hauteurs.

Une statue de moine, échelle 20:1

Après le repas, nous rejoignons Mawlamyine et poursuivons cette fois vers le nord, car un site semblable à Kyaiktiyo possède même trois rochers dorés superposés, semble-t-il plus impressionnants que le premier. Mais une fois arrivés à la base de la montagne, nous constatons que le même principe s’applique pour la montée, mais que cette fois le manque de visiteurs nous empêche d’atteindre les 23 personnes nécessaires au pick-up pour être rentable, et il est bien évidemment hors de question que nous nous y rendions avec notre propre véhicule.

Nous rentrons donc penauds et allons souper au même marché de nuit, Neus goûtant au poisson que j’avais pris la veille tout en profitant du crépuscule.

Le lendemain, retour aux pagodes de la crête avec Neus, que nous visitons plus assidûment que la première fois. En chemin, nous découvrons un atelier de fabrication de « crêpes » dont la technique est impressionnante!

Nous passons ensuite les heures chaudes de l’après-midi à l’hôtel avant d’aller chercher à manger au marché et de prendre le bus de nuit pour Mandalay en fin d’après-midi.

Juste avant notre départ, un groupe d’Indiens célèbrent un rituel dans le hall de notre hôtel, au son de leurs belles voix graves.