Upper Murray

Nous visitons d’abord Corryong, ville sans grand intérêt, mais offrant un musée assez touchant: tous les objets dont les habitants ne savent que faire et qui ont une quelque forme d’histoire finissent au musée. Ils ont donc organisé la visite par « pièce », de la cuisine à la pharmacie en passant par quelques cailloux aborigènes.

La cuisine

J’y ai même retrouvé mes skis 😉

Nous prenons ensuite la route qui longe la rivière Murray, nous arrêtons pour une balade sur une colline, puis continuons sur Albury pour y faire une lessive.

La plaine où sillonne le Murray

Un bistrot-superette à la déco bien locale

Sur la crête de Kurrajong

Une balade d’art aborigène à Albury… on retiendra la rivière, c’est mieux…

On passe la nuit près du lac de retenue du barrage de Hume, grillade de kangourou au menu 😉

L’intérieur de notre campervan

Les grillades au bord du lac

Le lendemain, en route pour Beechworth et Bright, en passant par Yackandandah, des villes dont les rues principales datent du XIXème et sont heritage… bon, mis à part Yackandandah, c’est plus pour le principe de s’inventer une histoire qu’ils n’ont pas vraiment que pour la présence de bâtiments vraiment intéressants… Elles présentent un intérêt en automne, car elles sont plantées d’arbres venus d’ailleurs dont les feuilles jaunissent, ce que les forêts alentours ne font visiblement pas. Mais l’automne est déjà passé à notre arrivée.

Les derniers érables de Beechworth

Une cascade sur le mont Buffalo

Un peu déçus par ces villes heritage par vraiment folichonnes, on met le cap sur Bendigo, une ville plus grande et au passé marqué par la ruée vers l’or.

La péninsule de Mornington

Après avoir récupéré notre campervan, fait les courses et enfin être sorti de la capitale du Victoria, nous voici sur la route de la villégiature de Melbourne. La péninsule au sud de la ville est en effet la résidence de week-end, au bord de la mer, de la société victorienne. Il nous aura fallu tellement de temps pour sortir de la ville que nous nous arrêtons en fin de journée pour… camper.

Le lendemain, on découvre enfin les petites cabanes au bord de la plage, l’étendue sans fin de résidences secondaires et quelques centres urbains datant du début du tourisme entre le XIX et le XXème siècle.

A l’ouest de Mornington

Portsea et son histoire touristique

Nous faisons ensuite quelques pas au London Bridge et au cap Schanck.

L’arche du London Bridge

Et sa plage

Le cap Schanck, entre lave, mousse et une roche rouge

N’y trouvant pas vraiment notre beurre, nous ne nous attardons pas tant ici et continuons vers l’est, le long de la côte.

De Riverton à Dunedin

Après la journée glaciale de la veille, nous nous mettons en route pour la côte sud de l’île. Nous faisons une halte à Riverton, un petit village qui possède un musée semble-t-il intéressant. On hésite un peu, mais finalement nous le visitons et, effectivement, c’est l’un des mieux fait de Nouvelle-Zélande.

Sur la route vers le sud

Les Alpes retrouvent la mer, et nous aussi

Le musée retrace l’histoire de la région, notamment de la relation plus ou moins harmonieuse entre les Maoris et les colons anglais, venus ici chasser phoques, baleines, manchots dans des conditions assez extrêmes! Le musée met bien en évidence les nuances de cette relation, parfois marquée par l’attitude exécrable de certains marins, mais aussi par la rapide mixité entre les peuples, des colons épousant des Maories et liant ainsi leurs histoires et leurs vies. On échappe pas non plus à l’arrivée des Chinois, venus en main-d’oeuvre bon marché.

Nous faisons ensuite une halte au sud d’Invercargill, sur la péninsule de Bluff, pour une petite balade en bord de mer. Nous y faisons la rencontre d’un étrange groupe d’amis, déguisés style Steampunk (le futur de la machine à vapeur, ou rétro-futuriste). Une bonne équipe, dont nous avons été les honorables photographes.

Une clique qui se retrouve une fois par année en l’honneur du Steampunk

Nous terminons la journée à Fortrose, au sommet d’une falaise impressionnante où nous passerons la nuit.

Le petit truc blanc en haut à gauche, c’est notre campervan 😉

Le lendemain, nous visitons Curio Bay ou forêt fossilisée, car une forêt entière a été couverte par les cendres d’un volcan et s’est pétrifiée en seulement quelques semaines. La mer, les vents et la pluie ont ensuite excavé ces restes qui aujourd’hui réapparaissent.

La forêt tombée suite à l’éruption

Les restes sont conservés avec tous les détails

Une souche d’arbre dont la couleur fait penser que le bois est encore là

Nous filons ensuite à l’est, jusqu’au Nugget Point, un cap abritant un phare et des rochers semblables aux Pancake Rocks, mais verticaux cette fois. La mer y est d’un bleu opale très beau.

Le phare

Et les nuggets 😉

Il faut ensuite noter notre passage mémorable dans le village de Kaka Point. Voilà, c’est dit, c’est fait 😉 Nous finirons la journée par la visite de la Tunnel Beach, dont on ne sait pas si le nom provient de la forme du terrain ou du fait qu’un tunnel relie la plage à la plateforme rocheuse qui la domine…

Il y avait un marchand de glace sur le parking, j’ai pas résisté… c’est pas dans leur culture par contre :-/

Tunnel Beach, explication n°1

Une faille sur l’arche… allez, ça tient!

Un vague sentiment d’immensité, ou de petitesse…

Tunnel Beach, explication n°2

La plage, presque un jardin japonais

Le lendemain, nous visitons Dunedin, son musée d’art contemporain plus ou moins intéressant et ses beaux restes d’architecture victorienne.

Le journal

La gare

La rue la plus raide du monde: 35°

En fin de journée, nous nous rendons aux Moeraki Boulders, des rochers parfaitement sphériques posés sur la plage dont la formation reste un mystère absolu pour la science.

Moeraki Boulders

On dirait des oeufs pétrifiés

Péninsule de Coromandel

Une fois prise la décision de ne pas nous rendre dans le nord d’Auckland, nous faisons les courses pour remplir notre petit frigo de campeurs 😉 Nous achetons aussi une lampe frontale, celle du Myanmar n’ayant pas survécu plus d’une pile, un pull thermique pour Neus et un Buff pour moi (le même que tu m’avais offert, Jo, mais en bordeaux).

Mon nouveau Buff

En route donc pour Hahei, mais l’heure se fait finalement tard, donc nous nous arrêtons à Tairua pour la nuit. Il s’agit de 2 places de parc autorisées aux campervans au bord de l’estuaire local. Premier arrêt charmant donc, avec un grand sentiment d’indépendance! Voilà donc notre nouvelle maison pour le mois à venir 😉

Notre première halte

Notre maison

Le ciel est tellement clair qu’on voit la voie lactée

Le lendemain, nous arrivons enfin à Hahei et visitons la Cathedral Cove, une grande arche de pierre au bord de la plage. Nous y arrivons malheureusement à marée haute, donc la plage est en partie inaccessible…

Cathedral Cove

Nous enchaînons avec la Hot Water Beach qui, comme son nom l’indique, bénéficie de la géothermie pour chauffer le sable et l’eau du sac (froid) et du ressac (tiède). Les gens y viennent armés de pelles pour construire des digues de sable, retenant le ressac pour le chauffer. Nous pratiquons la version simplifiée, en plantant simplement les pieds sous le sable et, effectivement, ça chauffe (on se brûle même un peu).

Les digues disparaissent quand une vague un peu plus grande que les autres arrive

C’est bon chaud!

On sort de la plage, et nous mettons en route pour le centre de l’île du Nord, Hamilton, sauf que la pratique manque un peu et je roule à droite… accident éviter de justesse, mais la frayeur est un apprentissage efficace 😉

Banlung

Nous voici partis pour le Cambodge donc. Nous prenons le bateau jusqu’à Naka Sang et négocierons notre bus pour Siem Reap à la station. Une fois arrivé, nous hésitons une seconde: Siem Reap (Angkor Wat), Mecque du tourisme dans un nouveau pays, et le Français du restaurant qui nous parle de chouettes randonnées à faire dans l’Est du pays… allez, changement de plan en 2.5 secondes, on prend un billet pour Banlung, alors que notre guide n’en parle même pas!

Reste à passer la frontière et, pas trop motivés à marchander, nous acceptons de payer le petit bakchich totalement illégal de 10$ pour s’éviter les tracas avec les douaniers (on est encore un peu en mode hamac).

Nous arrivons en fin d’après-midi à Banlung et nous faisons aborder par 3-4 mecs avant même d’être descendu du bus, proposant guesthouse et homestay. Ils ont tous leur petite feuille A4 plastifiée avec de jolies photos, nous racontent comment c’est très bien et pas cher et… sauf un, qui a une feuille A4 avec 2 photos et du texte et qui, après quelques explications, nous laisse réfléchir! Incroyable, mais ce petit détail, plus quelques phrases anodines sur sa feuille – simple room with the family et English class with the children from the village – suffiront à nous séduire, après quelques hésitations tout de même.

On embarque donc dans le tuk-tuk de Vuthy, direction sa maison, à 3km du centre. On arrive dans une petite cour en terre battue, devant sa modeste maison, et sommes reçus par un gars qui sent fort l’alcool… petit moment de frayeur – dans quoi s’est-on embarqué? – mais Vuthy nous entraîne dans sa maison, nous présente sa femme et ses 2 enfants, précise que le mec bourré est un ami qu’il aimerait aidé à sortir de sa dépendance et nous montre surtout la classe qu’il vient de construire et dans laquelle il donnera sa 2ème leçon le soir même!

On pose nos affaires dans une chambre simple, effectivement, exiguë et dont le matelas se résume à une couverture sur un platelage de bois. Mais l’accueil que nous réserve notre hôte est incroyable, il est chaleureux, enthousiaste et drôle! On se sent comme à la maison (enfin presque) et nous discutons avec la famille le temps que les enfants arrivent. Vuthy nous parle de ses projets – le homestay qu’il a ouvert depuis 2 mois et les cours d’anglais gratuits pour les enfants du village – alors que lui est guide de trek depuis 10 ans.

La chambre simple à la déco incroyable

Et les enfants arrivent des maisons alentours, seuls alors qu’ils n’ont que 3 à 10 ans, et nous saluent chaleureusement d’un hello suivi d’un rire gêné. Ils s’installent dans la classe et Vuthy nous présente à ses protégés. On commence le cours sans grande idée de ce que nous pouvons leur enseigner, et Vuthy nous propose de leur faire répéter l’alphabète qu’ils apprennent (pour l’instant de A-F). Il nous montre comment il fait et c’est, comment dire, assez militaire. Mais c’est chou de voir les gamins crier de toute leur force le son des lettres. On suivra l’exemple et les enfants répètent après nous les lettres. On introduit quelques nouveautés – lettres dans le désordre, réponse des enfants un par un (on verra les différences de niveau flagrantes). Le tout est émouvant, voir ces enfants qui ne sont jamais sortis de la province s’investir avec autant d’entrain dans l’apprentissage d’une langue qui leur permettra peut-être d’accéder à un meilleur futur. Ce n’est pas vraiment l’image de l’école que nous avons en Europe.

Les premières lettres de l’alphabète

Le lendemain, nous restons tranquille chez Vuthy, je l’aiderai à construire le 4ème pupitre de sa classe et nous irons faire un plongeon dans la cascade à 2km, histoire de nous rafraîchir, avant de se réchauffer lors d’un match de volley avec les jeunes du coin.

Un pupitre en planches de récupération

Une fraîcheur bienvenue…

Une partie épique!

Le soir, on retrouve nos élèves, toujours aussi motivés, et montons le niveau: l’alphabète de A-Z, un mot par lettre et les couleurs. Les petits sont largués alors que les grands suivent parfaitement (une en particulier, qui souffle à tout le monde). On négocie ensuite durant le souper l’organisation d’un trek de 2 jours dans la jungle avec Vuthy.

Départ donc de bonne heure, Vuthy toujours aussi radieux, en compagnie de 3 Canadiens et 1 Allemand. Notre guide nous explique tout ce qu’il trouve dans la forêt, on mange des insectes, des feuilles et les femmes se font peindre le visage à la suie 😉

La colonne traverse la forêt

On extrait la sève comme allume-feu et on se peint la face avec la suie 😉

On installera notre camp pour la nuit au pied d’une cascade, qui sert de bain, de douche, de lave-linge, de lave-vaisselle et de source pour la cuisine. Nos guides installent une structure de troncs pour suspendre nos hamacs, on mange, on discute à la lueur d’une bougie et… Vuthy réapparaît après une courte absence avec une bouteille en PET dans laquelle gisent une anguille et une grenouille pour le petit déjeuner! Et il nous propose de le suivre à la chasse à l’anguille, hilare de notre réaction médusée.

Nous irons finalement dormir, fatigués d’une journée bien remplie et passionnante… jusqu’à ce que tonne l’orage pas si au loin que ça… on se réveille, car il faut bâcher la structure pour nous protéger, mais surtout resserrer les rangs de hamacs pour accueillir nos 2 guides et un autre groupe de 2 qui n’avait pas de bâche. L’opération prendra quelque temps et nous nous recouchons pas tant rassurer par le nombre de personnes suspendues à la même branche.

Le verdict tombe 10-15 minutes plus tard, après quelques craquements annonciateurs, et nous nous retrouvons tous le cul par terre (et pour ma part le tronc sur la gueule, mais plus de peur que de mal). Il est donc 1h du matin en pleine jungle, il pleut, on est tous par terre et il faut remonter le tout :-/ Mais notre guide, toujours aussi taquin, rigole et va chercher une nouvelle branche. On se recouchera finalement, juste après que Vuthy nous raconte que nous sommes chanceux, un autre groupe ayant failli périr lorsqu’un gros arbre était tombé à 5m de leur camp… là, on est au top du moral, rassuré comme il se doit pour fermer l’oeil!

Un réveil difficile…

Il a encore moins dormi que nous et pourtant, il cuisine et fait le café… joli!

Un petit déjeuner à l’anguille

Le lendemain, petit déjeuner l’esprit pas très frais, puis retour à Banlung, en passant par un petit lac niché dans le cratère d’un volcan. Ultime baignade magnifique!

L’eau de bambou pour la survie

Le tuk-tuk tout terrain à 6 personnes pour aller au volcan

Un lac d’eau douce, propre et froide: un luxe!

La belle équipe! (à travers l’eau sur l’objectif…)

De retour au village, les Canadiens nous accompagnent pour une classe spéciale d’anglais: c’est dimanche et il n’y a normalement pas d’école, mais les enfants ont été informés de notre arrivée et ils accourent. Cette fois, ils nous reconnaissent et se sentent à l’aise, nous prennent dans leur bras, perdent petit à petit leur timidité et c’est vraiment génial! On est suffisamment de « professeurs » pour scinder la classe en deux, préférant faire des jeux avec les petits (qui ne savent pas encore écrire) et commencer les nombres cardinaux et ordinaux avec les plus grands.

Le coin jeux

On finira cette classe émus, car c’est le moment de l’au revoir, et prendrons congé des petits comme des Canadiens… sauf qu’une idée ressurgit: il faut goûter au fameux palm juice, légèrement alcoolisé, que nous irons chercher en moto juste avant qu’un orage n’éclate. Les Canadiens sont donc condamnés à rester le temps du souper et de finir le breuvage fort sympathique.

Le lendemain, dernier petit déjeuner avec la famille de Vuthy, petit couac dans l’horaire du bus et il faut partir précipitamment avec le tuk-tuk de notre hôte. On aura juste le temps de saluer toute la famille et de prendre le van pour Siem Reap, la tête, le ventre et surtout le coeur tout plein de ce que l’on a vécu!